AICHA KANDICHA: La légende, le démon et la réelle guerrière
27 Mar

AICHA KANDICHA: La légende, le démon et la réelle guerrière

Au Maroc, et même dans une bonne partie de l’Algérie, on a tous entendu parler d’un personnage féminin nommé Aicha Kandicha ou Sha Kandisha. Mais plus on se rapproche de l’Atlantique plus le mythe est vivace dans le langage quotidien et les contes populaires. Femme séductrice et adultère, démon aux pieds de chamelle, Aicha Kandicha hante nos cauchemars d’enfants, sans qu’on sache trop pourquoi, ni comment elle s’est introduite dans notre imaginaire collectif.

Ce personnage, à la fois mythique et historique, que l’histoire situe grosso-modo au niveau de la ville d’El Jadida, porte en tout cas un nom composé: moitié marocain et musulman (Aïcha), moitié portugais (Condesa, soit Comtesse). Nous, Marocains qui alimentons ce mythe, avons prononcé ce deuxième composant, écrit « Condesa » et prononcé /condécha/ en portugais, comme nous croyons l’entendre: « qandicha » (en arabe), « qandoucha » en amazigh tachelhit.

Au Maroc, Aicha KANDICHA est la légende qui se mêle à la réalité engendrant plusieurs versions. La première version du mythe veut qu’Aicha Kandicha soit une comtesse portugaise. Il s’agirait d’une femme noble d’origine portugaise tombée follement amoureuse d’un notable marocain de la ville de Safi. L’histoire se serait déroulée il y a quelques siècles. La femme aurait rejoint son amoureux et ils se seraient mariés selon la loi coranique, d’où son prénom musulman. Comme elle n’avait pas l’habitude de se couvrir la tête et qu’elle était très belle : cheveux soyeux et très noirs, yeux noisette et visage très blanc, les hommes qui la croisaient dans les rues de la ville en tombaient tous amoureux. Certains en perdaient la raison. D’où la légende.

Dans une deuxième version, Aicha Kandicha est présentée comme une marocaine très belle de la région d’El Jadida. Elle jouit des mêmes caractéristiques que la comtesse. Mais il s’agirait ici d’une résistante qui se serait juré de venger son mari tué dans un affrontement avec les Portugais qui occupaient la ville. Cette Aicha nouvelle version se faisait passer pour une fille de joie. Et sa beauté aidant, elle séduisait les officiers portugais et les persuadait de la suivre la nuit dans un coin isolé. Puis elle sortait son couteau pour les égorger. Par moquerie envers sa vie dissolue, les Portugais l’auraient surnommée la Comtesse.

Mais finalement on retient la citation populaire qui veut que le temps brise et disperse la réalité, et ce qui reste devient mythe et légende … à vous d’en juger

Maryam MARMOZ 

STUDIAFRIQUE